Andy Schleck, au passé et au présent
- Nathan Nisse
- 17 sept. 2015
- 5 min de lecture
Cela fera bientôt un an qu'un célèbre luxembourgois, idole de nombreux mordus de cyclisme, a annoncé sa retraite. Le plus jeune des frères Schleck a su très vite se faire un nom dans le monde cycliste. De la Belgique à la France en passant par l'Italie, les tifosis n'avaient d'yeux que pour lui. Aujourd'hui, Andy Schleck est devenu un homme simple qui sait profiter des plaisirs que lui offre la vie. Des projets pleins la tête, il nous livre ses souvenirs et ses rêves.
Partie nostalgie
Qu'est-ce qui vous a donné envie de monter sur un vélo et de devenir cycliste professionnel ?
« J'ai toujours été assez sportif. J'ai pratiqué beaucoup de sport étant jeune, du foot, du hockey sur glace. Cependant, mon père et mes frères étant coureurs cyclistes, j'ai forcément fini par monter sur un vélo, c'est une histoire de famille, et une véritable passion pour moi. »
Quel était votre modèle étant plus jeune ? Quel champion vous a le plus inspiré durant cette période ?
« Indurain est vraiment le coureur qui m'a inspiré étant plus jeune, j’appréciais vraiment son profil. Je souhaitais devenir aussi bon que lui. »
Plus jeune et durant toute votre carrière entreteniez-vous une certaine rivalité avec votre frère ?
« Il n'y avait aucune rivalité avec mon frère, à aucun moment.Par contre on parlait beaucoup sur le vélo et on s'entraidait, on a longtemps couru ensemble et on faisait en fonction de la forme de chacun, je travaillais pour lui lorsqu'il se sentait fort, et inversement, on était deux contre les autres, c'était un gros avantage, il fallait s'en servir.»
A quel moment pensez-vous avoir tenu la « forme de votre vie » ?
« C'est un petit moment nostalgique pour moi, car je pense avoir été très fort sur chacun de mes Tours de France, je me sentais à chaque fois à mon meilleur niveau, je me trouvais performant, et quand on voit mes résultats, on en a la preuve. Je n'ai donc pas réellement de moment précis.Tout simplement, j'atteignais mon pic de forme chaque année lors du mois de juillet. »
Quels sont les moments qui vous ont le plus marqué durant votre carrière ? Et si vous deviez ne garder qu'une victoire, laquelle serait-elle ?
« Le Galibier ! Liège-Bastogne-Liège, le podium avec mon frère, ce sont vraiment des moments magiques que j'ai pu vivre, être sur un podium avec son frère, c'est vraiment quelque chose d'unique, d'inoubliable ça restera à jamais gravé dans ma mémoire. Après ma victoire au Galibier, c'était un moment fort, vraiment spécial, c'est un col mémorable et pouvoir s'imposer ici, c'est toujours quelque chose de magique. »
Quelles relations entreteniez-vous avec les autres coureurs ?
« L'ambiance au sein du peloton était vraiment agréable, sur les routes je me suis fait de nombreux très bons copains avec qui je suis encore en contact aujourd'hui. Après c'est vrai qu'avec certains coureurs on s’entend moins bien, mais je dirais que je m'entendais bien avec les trois quarts du peloton »
Et comment vous entendiez-vous avec Alberto Contador ?
« Ah Contador, ce n'est pas mon ami...C'était surtout mon rival, du coup je n'ai pas forcément grand-chose à dire là-dessus »
L'homme d'aujourd'hui :
Aujourd'hui vous êtes à la retraite, alors pour commencer, comptez-vous, un jour remonter sur un vélo afin de retrouver une équipe World Tour, Continental ?
« Pour moi rouler, c'est toujours un grand plaisir, j'adore prendre mon vélo et rouler, d'ailleurs quand je pars à Majorque, c'est vraiment pour bien rouler.Après voilà, je ne reviendrais pas sur le circuit professionnel, c'est quelque chose de magnifique, mais également quelque chose de très difficile. J'ai eu du mal à quitter le monde du cyclisme, j'ai à présent tiré un trait sur cette partie de ma vie. Mais avec le recul, je suis libéré de pas mal de poids, je ne me dois plus d'être toujours au top, toujours aussi performant, après tout c'est quelqu'un chose de très stressant, on est aussi loin de sa famille très longtemps, c'est vraiment un plaisir, mais également une grande souffrance »
Quels sont les projets que vous menez, où envisagez de mener dans les années à venir ?
« Aujourd'hui, je travaille sur un projet, je compte ouvrir un grand magasin de vélos à Luxembourg; Andy Schleck Cycles. »
Un rôle de directeur sportif ou consultant sportif pourrait-il vous plaire ?
« Ah pour ce qui est d'être directeur sportif, je vais pas te dire non, mais pas pour le moment.Aujourd'hui j'ai d'autres projets et puis je profite de ma famille, de mon fils et de ma femme. Pour ce qui est d'être consultant, je le suis déjà sur certaines étapes du Tour pour la chaîne RTL Luxembourg, et j'adore cela, et je semble être apprécié. Je pense qu'avoir le point de vue de quelqu'un qui s'y connaît, c'est toujours intéressant. »
Comment se passe votre quotidien aujourd'hui ?
« Alors je me lève à 6h30, je prends ma douche, mon petit déjeuner *rire* je vais au bureau, je participe à des metting, je vais sur des chantiers, je travaille beaucoup en journée, et je suis content de rentrer le soir, pour faire un peu de sport, et profiter de ma famille. »
Appréciez-vous toujours autant suivre une épreuve cycliste ?
« Oui, encore plus qu'avant ! »
Que pensez-vous du cyclisme moderne ?
« Je ne suis à vrai dire pas d'accord sur certaines choses, pour moi il y a trois, quatre équipes qui dominent outrageusement les épreuves World Tour. Il y a Sky, Tinkoff qui ont un budget illimité, ils veulent un coureur, aucun souci, ils l'ont, c'est très facile pour eux d'être performant et ça écrase la course par rapport au « sponsors normaux » et c'est bien dommage. Par contre ce que j'apprécie particulièrement, c'est la mondialisation du peloton. Il y a 15 ans, il y avait peu de Colombiens, d'Australiens, aujourd'hui ils sont présents en grand nombre sur les routes et c'est quelque chose de positif. J'aime voir de plus en plus de nations représentées sur les routes. Pour ce qui est du niveau, du fait de ces nouveaux arrivants, je pense qu'il est encore plus élevé, et que la concurrence est beaucoup plus rude ces dernières années. »
Que pensez-vous plus précisément de Froome, et de la Sky en ce moment ?
« Il est super fort, mais il n'écrase pas non plus tout, je trouve ça dommage les propos que certains entretiennent sur lui, il ne gagne pas avec 5 minutes d'avance non plus, le niveau est bien plus serré qu'avant, et il a de la concurrence. Après, comme je l'ai dit avant, les Sky, Tinkoff écrasent un peu la course avec leurs moyens, mais bon... »
Et pour terminer, à part Franck, avez-vous un petit chouchou, un coureur que vous appréciez suivre ces derniers temps ?
« Non je n'ai pas trop de favoris, après j'aime suivre les jeunes et je pense qu'Aru est destiné à un très grand avenir. Pour moi, il remportera beaucoup de courses dans les années à venir, et sera le favori sur les Grands Tours. »

Photos: Sarah Meyssonnier et BrakeThrough Media via VeloNews
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